Pamela Sargent est une autrice que je voulais découvrir depuis longtemps, donc, à la réédition du Rivage des femmes par Mnémos, c’était l’occasion ou jamais de me lancer. La couverture est de Bruno Letizia et la traduction de Nathalie Gouyé-Guilbert.
Alors qu’elle a commis une faute grave, la jeune Birana est bannie de la Cité des femmes et se retrouve livrée au monde extérieur et à la barbarie des hommes qui y errent en hordes. Que peut-elle attendre de ces sauvages qui la considèrent comme une déesse, mais qui découvriront sa nature humaine et ses faiblesses ? Résistera-t-elle longtemps à Arvil, cet homme partagé entre l’adoration et le désir, l’amour et la perte progressive de sa foi envers la Dame ? Que découvrira-t-elle enfin de si bouleversant sur cette société coupée en deux, sur cette autre moitié de l’humanité, tout comme sur elle-même ?
Pamela Sargent fait partie de ces autrices qui ont un peu disparu du paysage avec le temps, malgré leurs oeuvres intéressantes. Mnémos en remet certains à l’ordre du jour au travers de sa collection Stellaire, et on ne peut que les en remercier.
Nous sommes ici dans un univers post-apocalyptique, où la violence des hommes a endommagé la Terre des siècles plus tôt avec une guerre nucléaire. A la suite de cette guerre, les hommes ont été chassés des villes, et les deux genres vivent désormais séparément. Dans les villes, la technologie est encore bien présente, tandis qu’au-dehors, les hommes errent en horde, sans accès aux technologies, et prisonniers du culte de la Dame, les poussant à révérer les femmes, créatures mystiques qu’ils ne croisent presque jamais.
Nous suivrons dans ce roman deux femmes : Birana, chassée de la Cité des femmes, et Laissa, restée dans la Cité, et qui questionne petit à petit sa société. Je ne vais pas vous mentir : les deux points de vue sont bien séparés, et on en changera environ au milieu du roman, et c’est malheureusement ce qui a causé ma perte. La partie consacrée à Laissa m’a fait m’attacher à elle, et le changement de personnage principal a été difficile et a coupé ma lecture en deux.
Laissa fait partie des intellectuelles de la Cité, et aussi des rares femmes, avec sa mère, à être autorisée à avoir un enfant mâle, qu’elles doivent ensuite abandonner à l’âge de 5 ans. C’est là ce qu’a des difficultés à faire la mère de Laissa, la poussant à remettre en question leur mode de vie, et provoquant peu à peu sa mise à l’écart de la classe « supérieure ».
De l’autre coté, Birana, qui se retrouve seule dans un monde d’hommes, et ne s’attendant certainement pas à y survivre. On découvrira à travers ses yeux la vie difficile des hommes à l’extérieur, éliminés dès qu’ils forment un groupe trop important ou acquièrent trop de connaissances pour leur épanouissement, mais aussi leur violence, très présente.
Le rivage des femmes est un roman intéressant qui pousse à se questionner : que ce soit sur la violence, ou la sexualité, ou encore l’équilibre entre les genres, qui ne se prive pas de mettre son lectorat mal à l’aise pour mieux le pousser à s’interroger. La difficulté pour moi, vous l’avez compris, a surtout été le changement de personnage, d’autant plus que j’ai eu plus de mal à apprécier Birana. Ce roman de Pamela Sargent n’en reste pas moins remarquable et à découvrir.
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