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Model Home de Rivers Solomon

Vous le savez si vous me suivez, Rivers Solomon fait partie des autrices que je suis, bien que je n’ai pas (encore) lu son recueil paru l’an dernier. Mais cet automne, c’est un roman avec Model Home, donc, let’s go !

Model home de Rivers Solomon

Dans la parfaite petite banlieue d’Oak Creek, au Texas, il fait bon vivre. Quand on est blanc.

Les Maxwell sont la seule famille noire à vivre dans ce quartier modèle. À leur emménagement, ils ressentent très vite l’hostilité de leurs voisins, mais aussi celle de leur propre maison. Entre cauchemars et fantômes, les enfants Maxwell, Ezri, Eve et Emmanuelle, vivent une enfance teintée d’horreur auprès d’un père absent et d’une mère tyrannique, qu’ils s’empressent de fuir dès leur passage à l’âge adulte.

Quand, des années plus tard, Ezri est sans nouvelles de ses parents, iel se décide à revenir dans cette maison hantée avec ses sœurs et confronter leur passé.

Dans Model Home, nous suivons Ezri, personne au genre indéterminé, qui vit avec sa fille en Angleterre, ou plutôt survit. Le récit nous apprend en effet très vite que ce personnage n’est pas très stable mentalement, et encore plus quand iel apprend qu’il va falloir retourner aux USA, étant sans nouvelle de leurs parents.

L’enfance des enfants Maxwell est loin d’avoir été rose : un père absent, une mère voulant absolument se conformer à « l’étiquette » de leur quartier, seule famille noire qui vit dans un quartier résidentiel de riches blancs. Autant dire que le racisme ambiant et la concurrence effrénée a fait partie de leur quotidien.

Ezri est un personnage magnifique tant iel est touchant : autisme, trouble dissociatif de l’identitiré, et multiples pathologies pas toujours détaillées, iel n’a clairement pas eu une vie facile, et a eu besoin de se détacher du passé pour survivre, quitter à couper presque les ponts avec sa famille. Le personnage se questionne également beaucoup sur sa relation avec sa fille, et interroge sur la maternité. Est-ce une bonne idée d’élever un enfant dans ses questions ? Ne lui transmettra-t-iel ses peurs et souffrances passées ?

Ses soeurs, Eve et Emmanuelle, ne sont pas non plus sans souffrance. Elles aussi ont fui le plus loin possible de leurs parents et surtout, de la maison familiale. Cette dernière semble presque être un personnage à part entière : hantée par une femme sans visage, des incidents les plus étranges les uns que les autres, et c’est bientôt la personnification de la maison de l’horreur.

Model Home n’est pas un roman simple à décrire : au-delà de l’intrigue fournie dans le résumé, à savoir, qu’est-il arrivé aux parents Maxwell, la véritable histoire semble plutôt être l’enfance d’Ezri et de ses soeurs, racontée à travers de nombreux flashbacks, ainsi que les traumatismes générationnels. On peut également se questionner sur l’appartenance ou non du roman à l’imaginaire.

Rivers Solomon a écrit ici un roman extrêmement marquant, et difficile à lire de part les sujets qu’il traite. Lecteurs, ne vous attendez pas à être mis à l’aise ou à vous détacher de problématiques encore très présentes aujourd’hui, comme le racisme ou encore la parentalité, ça n’arrivera pas. Malgré tout ça, Model Home est un coup de coeur pour moi et je vous le recommande.

D’autres avis : manifestez-vous !

shaya

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