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Protocole solitude de Joanna Russ

Un roman de Joanna Russ réédité en français, Protocole solitude, c’est l’occasion ou jamais pour moi de retenter ma chance avec cette grande autrice de SF, féministe et primée en son temps. Il est traduit par Géraldine Chognard et illustré par Anne-Laure Garicoix.

Après un mystérieux accident, huit voyageurs interstellaires – quatre femmes, trois hommes et une enfant – se retrouvent parachutés sur une planète inconnue. Coupés du reste de l’humanité, ils ne disposent que de leurs dix doigts et d’un matériel rudimentaire pour subvenir à leurs besoins primaires : manger, dormir, se protéger. Bien vite, les conventions sociales tombent et de nouvelles hiérarchies se mettent en place, ouvrant la voie au grand retour du patriarcat. Pour le groupe, l’élan vital devient synonyme de colonisation et de perpétuation de l’espèce, quitte à assujettir violemment le corps des femmes de l’équipage. Sauf que l’une d’entre elles compte bien conserver le peu d’indépendance qui lui reste, s’isolant bientôt du reste du groupe.

Soyons clair dès le départ : ne lisez pas ce roman si vous êtes un poil déprimé ou plus. Joanna Russ choisit de nous présenter une situation qui s’avère désespérée dès le départ : 8 voyageurs insterstellaires se retrouvent sur une planète inconnue suite à un accident, privés de technologie et de moyens de communication.

Trop vite, le patriarcat reprend le dessus sur nos voyageurs à majorité pourtant féminine car oui, il faut faire survivre l’espèce avant tout, et donc, faire des enfants. Les conditions de vie précaires ? Le pool génétique bien trop réduit pour que le projet ait une chance d’aboutir ? Le droit de disposer de son corps ?

Autant d’arguments que notre narratrice ne manquera pas d’exposer, en vain : il faut survivre en se soumettant aux hommes, et ce n’est pas facultatif. Au travers d’un enregistreur, elle nous raconte son désespoir, sa colère face à sa situation, mais aussi la violence de celle qui choisit de lutter.

J’ai adoré l’écriture de Joanna Russ dans Protocole solitude : il est difficile de ne pas s’identifier à la narratrice qui se croyait dans un monde « civilisé », de haute technologie, où, finalement, dès que le danger arrive, le patriarcat reprend le dessus. Le constat est cependant dur à avaler, et, comme je le disais en introduction, ce roman est déprimant à souhait.

Toute personne qui a déjà lu une histoire de SF commençant par un crash interstellaire d’un petit groupe de personnes sait que, dans 90% des cas, l’histoire finira mal. Malgré cet aspect difficile, Protocole solitude reste un roman intéressant à lire, et qui n’a (malheureusement) pas pris de ride, bien qu’il ait été écrit dans les années 70.

shaya

Un commentaire sur “Protocole solitude de Joanna Russ

  1. Ah. Ça me paraissait une potentielle bonne occasion de découvrir l’autrice, mais ça me refroidit un peu. Enfin je te remercie quand même, mieux vaut être au courant avant de le commencer.

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