Depuis sa sortie en septembre 2022, Les flibustiers de la mer chimique ont fait couler l’encre chez les amis blogueurs, avec des avis plus élogieux les uns que les autres. Aussi, croisant Marguerite Imbert aux Utopiales, difficile de ne pas craquer pour ce second roman, paru chez Albin Michel Imaginaire, et dont la couverture a été réalisée par Sparth.
Une folle odyssée sous des cieux aveuglants, sur des mers acides qui empruntent leurs couleurs à une délicieuse poignée de bonbons chimiques. Tout commence par un naufrage. Ismaël, naturaliste de Rome, agonise sur un radeau de fortune quand il est repêché par le Player Killer, un sous-marin capable de naviguer dans les courants acides. Maintenant prisonnier des flibustiers de la mer chimique et de leur excentrique capitaine, Ismaël se demande comment réussir sa mission. Sur la terre ferme, la solitude n’a pas réussi à la graffeuse Alba – omnisciente ou presque. Bien qu’elle ait tendance à confondre les dates et les noms, elle est choisie pour incarner la mémoire des survivants. Dans une Rome assiégée par les flots toxiques de la Méditerranée, la jeune femme va apprendre à ses dépens que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Et si, séparés par des milliers de kilomètres, ignorant tout l’un de l’autre, Ismaël et Alba cherchaient à percer la même énigme.
Les flibustiers de la mer chimique a constitué rapidement pour lequel j’avais des attentes, le côté humouristique m’attirant particulièrement. Evidemment, la méfiance sur les attentes est toujours de mise, mais, finalement, le contexte de lecture aura plus joué sur mon ressenti final, étant donné que j’ai lu ce roman malade, avec une concentration un peu limitée.
L’univers créé par Marguerite Imbert est clairement loufoque, on est dans un monde post-apocalyptique où une bonne partie des territoires a été submergée par la montée des eaux, les humains survivants s’organisent à travers des clans, le cannibalisme a refait surface, et les chiens, anciennement meilleurs amis de l’Homme, sont devenus leurs ennemis mortels. Qu’est-ce qui a provoqué tout ça ? Comme à l’accoutumée, la surconsommation et la pollution nous en seront données comme responsables principaux, du moins au démarrage du roman.
Dans Les flibustiers de la mer chimique, nous suivons deux personnages bien différents : Ismaël, naturaliste romain récupéré par un sous-marin appartenant aux fameux flibustiers des mers chimiques, puisque, dans cet univers, les mers et océans sont parcourus de courants acides, et Alba, une jeune Graffeuse isolée. Qu’est-ce donc qu’une Graffeuse ? Une sorte de gardienne de l’Histoire, à travers des peintures, notamment dans des grottes. Nous voici presque revenus à l’ère préhistorique !
Le Player Killer où est embarqué Ismaël est pour le moins particulier : on ne sait pas trop (et lui non plus) s’il est prisonnier ou pas, et son capitaine, Jonathan, est particulièrement excentrique. Dans ces eaux polluées, navigUent des Mats, organismes mutants géants dangereux, que les Flibustiers combattent à l’aide de calamars drogués jusqu’à la moelle. La vie est à bord du sous-marin est celle de pirates, déterminés à trouver des trésors, aka des vitamines et médicaments devenus précieux, et à devenir riche, le tout en oubliant de participer aux soirées jeux vidéos du capitaine accro, ou encore au sexe obligatoire tous les vendredis, ben oui, la promiscuité dans un sous-marin, c’est problématique, donc, autant régler le problème de la tension sexuelle !
Bien loin des Flibustiers, en Europe, Alba n’est pas franchement moins exotique, puisque se prend pour une Déesse omnisciente. La jeune fille va être capturée par Horeb et sa bande, à la solde de la Métareine et de Jericho, qui gouvernent Rome, une des dernières capitales européennes encore actives. Rome vient en effet de perdre Mohammed, son graffeur, et a besoin d’un remplaçant, volontaire ou non. Le personnage d’Alba est certes original, mais aussi assez insupportable à mon goût. Imbue d’elle-même, persuadée d’avoir toujours un plan et d’être supérieure à tous ces hommes, difficile pour moi de l’apprécier.
Vous l’avez compris, j’ai clairement eu une préférence pour les parties se passant sur le Player Killer. Ismaël est un personnage beaucoup plus sérieux, mais ceux qui l’entourent sont à mourir de rire, à commencer par Jonathan, ce capitaine dont on se demande sincèrement à quel point la folie l’habite.
Marguerite Imbert a préféré nous jeter directement dans le bain (chimique) de son roman, et laisser le lecteur trouver au fil de sa lecture les clés pour comprendre le récit. Ce n’est absolument pas un problème en soi, mais a peut-être un peu gênée ma lecture, manquant de concentration. Mais le vrai problème de cette lecture, pour moi, ne provient pas de l’écriture, des personnages, ou même tout simplement du roman. Je savais en l’entamant qu’on était sur du post-apocalyptique, mais je n’avais pas réalisé deux choses : on parle beaucoup de l’écologie et de ce que pourrait bien devenir notre planète d’ici quelques décennies, et ça m’angoisse tout de même pas mal. La conséquence de tout ça, c’est que malgré toutes les qualités du roman, la mayonnaise a eu du mal à prendre, car provoquant malgré lui de l’angoisse à la lecture.
Les flibustiers de la mer chimique n’en est pas moins un excellent roman, plein d’humour et bien barré, avec une intrigue intéressante. Je le recommande donc aux amoureux·ses de post-apocalyptique non angoissé.e.s par le climat !
D’autres avis : Le rocher des livres, La Geekosophe, Tigger Lilly, Gromovar, Sometines a book, Celindanaé, Ombrebones, L’ours inculte, Le bibliocosme, L’épaule d’Orion, …
Je comprends ton ressenti, même si pour Les flibustiers de la mer chimique ça allait, je me rappelle que ma lecture de Symphonie atomique m’avait pas mal angoissé. Je trouve que c’est une autrice à suivre 😉
Je suis tout à fait d’accord avec toi. Et c’est d’autant plus frustrant que, je pense que si je l’avais 6-9 mois avant, ça serait passé, mais là…..
C’est vraiment un livre au-dessus du lot : même les chroniques un peu moins enthousiastes sont quand même très enthousiastes !
Tout à fait, et tant mieux si ça se ressent dans mon article : ce roman est très qualitatif même si ça n’a pas matché pour moi !
Y’a rien eu à faire avec ce bouquin : j’ai abandonné à 100 pages, à force de rien comprendre. Je n’ai rien capté, ni où ça allait, ni de quoi il était question, ni qui étaient ces personnages… Un brouillard bien pénible et une écriture qui ne m’a pas séduite du tout.
J’ai su ensuite qu’il y avait un côté loufoque en lisant les chroniques (je suis complètement passé à côté). Il a fini dans la cabane à livres après que j’ai su qu’il n’a pas été pris dans les 5 finalistes du plib. Avec un grand soulagement, car je n’avais aucune mais alors aucune envie de le reprendre !
En tout cas, bravo pour ton retour, mitigé mais qui donne suffisamment envie de le découvrir !
Arf dommage, après, il en faut pour tous les goûts !
Arf mince pour l’éco-anxiété. Pas facile de louvoyer au milieu de tout ça:/
Effectivement. J’espère arriver quand même à lire du post-apo moins « récent ».
Je l’ai! On me l’a offert. Donc, je le lirai. Et je m’en réjouis. Mais maintenant, je m’attendrai aussi à paniquer à cause de mon éco-anxiété. ^^
Ou alors tu prends de grandes inspirations avant de le lire pour calmer l’éco-anxiété ? Bonne lecture en tout cas !
Plus je lis d’avis sur ce livre, plus je me dis qu’il n’est pas fait pour moi