Méduse de Martine Desjardins

A Noël dernier, j’ai eu l’occasion de me choisir un cadeau. Méduse de Martine Desjardins se trouvait justement en présentation en librairie, et, en ayant entendu parler et étant dans une librairie avec un rayon imaginaire peu fournie, ni une ni deux, le voici sous mon sapin.

On la surnomme Méduse depuis si longtemps qu’elle en a oublié son véritable prénom. Elle marche tête baissée, le visage caché derrière ses cheveux, pour épargner aux autres la vue de ses Difformités. Elle-même n’a jamais osé se regarder dans un miroir.
Placée dans un institut pour jeunes filles à la merci d’adultes peu scrupuleux, Méduse n’a de cesse d’accéder à la bibliothèque des lieux, seul moyen pour elle de s’ouvrir à la connaissance du monde. À force de ruse et de prise de conscience des pouvoirs de ses globes oculaires, qu’elle se garde longtemps de dévoiler, elle nous entraîne dans sa croisade contre l’oppression et la honte du corps.

Méduse est le sixième roman de l’autrice québécoise Martine Desjardins, paru en août 2023 chez L’Atalante, et il s’agit du premier roman d’elle que je lis. La couverture est illustrée par Marcela Bolivar.

Nous suivrons donc ici le personnage de Méduse, petite fille qui doit toujours marcher tête baissée, vive dans l’opprobe et certainement dans l’amour familial, à cause de ses fameuses Difformités, malformations oculaires. La honte est si inculquée en elle, qu’elle ne connait même pas son reflet.

Bientôt, la petite Méduse est envoyée dans un institut pour jeunes filles un peu spécial, où la vie sera loin d’être loin douce. Maltraitances, exhibée pour le plaisir des adultes, seule la bibliothèque de l’institut est un moment de bonheur pour la jeune fille. Elle vivra donc recluse, à la merci de la perversité de ses aîné.e.s.

Cependant, l’histoire de notre Méduse ne s’arrête pas ici, puisque la jeune fille va profiter d’une opportunité pour fuir et tenter de découvrir malgré son handicap. Mieux, parviendra-t’elle à l’apprivoiser et à s’en servir pour une vie meilleure ? Je vous laisserai le découvrir.

Roman court, Méduse est empli de messages, qu’il soit sur le handicap, parfois complexe à accepter par la personne concernée comme pour ses proches, sur la condition féminine, sur le mythe de la Gorgone dont l’autrice s’est inspirée, ou encore sur l’exploitation d’êtres humains. Le roman est noir, plein de descriptions qui font froid dans le dos, et à la fois curieusement efficace.

Pour une raison que je ne m’explique pas complètement, le roman de Martine Desjardins n’a pas réussi à me happer comme il l’aurait pu. Il n’est pas impossible que ce soit dû au personnage principal, que j’ai trouvée antipathique. Pour autant, il est efficace et bourré de qualités.