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La fille qui se noie de Caitlin R. Kiernan

Certains romans, vous savez dès les premiers retours qu’ils ont de grandes chances de vous plaire, et c’était le cas avec La fille qui se noie de Caitlin R. Kiernan, roman sorti à l’automne 2023 chez Albin Michel Imaginaire. La lecture en a-t’elle valu le coup ?

India Morgan Phelps, dite Imp, veut écrire une histoire de fantômes, avec une sirène et un loup. Involontaire disciple de Jean Cocteau, elle a compris instinctivement, très jeune, que « Le poète est un mensonge qui dit toujours la vérité. »
Cette jeune femme remarquable, mais mise à l’épreuve par la vie – sa grand-mère maternelle s’est suicidée, sa mère s’est suicidée – écrit un récit à nul autre pareil, qui oscille entre le journal intime et l’histoire de fantômes. Peu à peu s’élabore un véritable labyrinthe littéraire, dans lequel on rencontrera une sirène, une louve sans défense et enfin, Eva… Une femme qui évoque le modèle d’un tableau datant de 1898 et fascine Imp depuis son enfance.

Mais qui était Eva ? Quelle a été sa vie ?

Caitlin R. Kiernan est une autrice déjà croisée avec Les agents du Dreamland, UHL que j’avais beaucoup apprécié, et je savais donc déjà que son écriture me plaisait, bien que les thématiques ici soient très différentes. La fille qui se noie a reçu les prix Bram Stoker Award et James Tiptree Jr Memorial Award.

La fille qui se noie est un roman qui raconte l’histoire d’un roman de fantômes que souhaite écrire Imp, notre narratrice. Cette dernier annonce dès le départ la couleur : elle est schizophrène, donc folle, et vient d’une famille de folles où sa mère et sa grand-mère se sont suicidées.

La thématique principale du roman, la santé mentale, en fait un roman complexe à suivre : Imp le dit elle-même, ses souvenirs ne sont toujours pas la réalité, et elle n’est pas toujours capable de différencier la réalité de ses délires. La narratrice saute donc de sujet en sujet, au risque de perdre son lecteur si ce dernier ou cette dernière n’a pas très attentivement suivi le fil de ses pensées.

Caitlin R. Kiernan place aussi dans son roman une tonne de références, notamment de peintres, Imp se considérant comme tel et ayant un rapport particulier avec le tableau qui titre le roman, La fille qui se noie. Le tableau représentant une jeune fille diaphane, les pieds dans une surface trouble emplie d’ombres inquiétantes, qui fascine Imp. On parlera aussi du Petit Chaperon Rouge, de Lewis Carroll et bien d’autres encore.

Au travers de son histoire de fantômes, Imp nous raconte sa vie personnelle agitée, sa relation avec Abalyn, femme trans fan de jeux vidéos tandis qu’elle-même n’y touche pas, et puis cette relation étrange aux sirènes, et à Eva, la mystérieuse Eva.

Je craignais un peu la narration du roman, à juste titre, et pourtant, j’y ai été bien vite emportée pour dévorer ce roman fascinant. Imp est touchante, et montre très bien, à mon sens du moins, la difficulté de vivre avec une maladie telle que la schizophrénie.

Caitlin R. Kiernan a beau nous égarer par moments avec la diversité des sujets évoqués, le fil rouge reste pourtant bien présent, et j’ai tout simplement adoré La fille qui se noie. La santé mentale est un sujet difficile, trop peu évoqué alors qu’il est extrêmement important.

shaya

11 réflexions sur « La fille qui se noie de Caitlin R. Kiernan »

  1. Ta chronique correspond parfaitement à l’image que je me fais de ce roman : ça fait peur. Je ne sais pas si j’oserai me lancer, mais la rareté du sujet le rend intrigant.

  2. Trop génial! Je veux trop lire cette autrice. Quel désespoir que mes lectures dépendent de l’occasion: il y a zéro chance que je tombe sur un de ses bouquins en VO en occasion, et je n’achète jamais de neuf (quelle que soit la langue) par manque d’argent, ouin ouin. Ça a l’air d’être totalement ma came. J’avais bien aimé sa nouvelle publiée dans jenesaisplusquel Bifrost.

  3. Intriguant. J’avais plutôt bien aimé Les agents de Dreamland que je pense relire quand j’aurai un peu lu Lovecraft. Je reste un peu méfiante cela dit mais les thèmes m’attirent fortement.

  4. trop contente qu’il t’ait plu ce roman, je l’avais adoré aussi !
    Il est d’une force et d’une justesse incroyables.

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