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Qui a peur de la mort ? de Nnedi Okorafor

Qui a peur de la mort ? Voici un roman dont la blo­gosphère a beau­coup par­lé, et qu’il me tar­dait de décou­vrir, avouons-le. Du coup, mon chal­lenge ABC Lit­téra­tures de l’Imag­i­naire organ­isé par Mariejuli­et, avec ma con­trainte spé­ciale autri­ces (mon bil­let d’in­ten­tion est par là) était l’oc­ca­sion par­faite !

Qui a peur de la mort ? De Nnedi Okorafor

Dans une Afrique post-apoc­a­lyp­tique, la guerre con­tin­ue de faire rage. Enfant du viol, rejetée par les siens du fait de sa peau et ses cheveux couleur de sable, Onyeson­wu porte en elle autant de colère que d’espoir. Seule sa mère ne sem­ble pas éton­née lorsqu’elle se met à dévelop­per les prémices d’une magie unique et puis­sante.

Lors de l’un de ses voy­ages dans le monde des esprits, elle se rend compte qu’une ter­ri­ble force cherche à lui nuire. Pour en tri­om­pher, elle devra affron­ter son des­tin, sa nature, la tra­di­tion et com­pren­dre enfin le nom que sa mère lui a don­né : Qui a peur de la mort.

La pre­mière chose qui m’a sur­prise dans ce roman de Nne­di Oko­rafor, ce fut cette impres­sion de ne pas être dans un roman d’imag­i­naire. L’his­toire se déroule en Afrique, dans une zone qui cor­re­spondrait au Soudan mod­erne. Sur ces ter­ri­toires, deux tribus s’af­fron­tent : les Nurus, bénis de la déesse Ani, et les Okeke, un peu­ple asservi par les Nurus et qui tend à dis­paraître. Onyeson­wu est une ewu, une enfant née d’un viol d’une Okeke par un Nuru, une paria. L’im­pres­sion de ne pas être dans un roman d’imag­i­naire provient sans doute de là : l’Afrique et le Soudan ne sont pas des régions que je con­nais, et des tribus très patri­ar­cales etc. ne me sem­blent pas totale­ment inco­hérentes dans notre monde “mod­erne”, hélas. Pré­cisons que l’autrice est améri­caine, d’o­rig­ine nigéri­ane.

Pour­tant, la magie appa­raît très rapi­de­ment dans ce rom­na, puisque Onye est ushu, une sor­cière dotée de pou­voirs puis­sants, et qui va devoir appren­dre à les maîtris­er. On abor­dera aus­si par là la dif­fi­culté de vivre dans un monde dom­iné par les femmes, où on refuse d’en­seign­er aux filles parce qu’elles sont filles. La magie ne sera cepen­dant que peu expliquée, puisque faisant par­tie inté­grante du monde où se déroule l’his­toire, mais j’avoue avoir été très intéressée par l’his­toire du peu­ple rouge qui se déplace dans les tem­pêtes de sable.

Côté per­son­nages, la galerie présen­tée est vaste et diver­si­fiée : nous avons Aro, sor­ci­er de son état, Mwi­ta, guéris­seur qui aurait voulu être sor­ci­er et qui est amoureux d’Onyeson­wu, Luyu en quête de sa lib­erté sex­uelle, et bien d’autres. Il m’a été un peu plus dif­fi­cile de m’at­tach­er au per­son­nage d’Onyeson­wu qui est en plein dans l’ado­les­cence, tout comme à son his­toire d’amour.

Le réc­it n’est pas non plus dépourvu de vio­lence, à com­mencer par l’his­toire de la con­cep­tion vio­lente de l’héroïne, qui en fait automa­tique­ment un être mau­dit, dont on craint que la vio­lence de sa nais­sance rejail­lisse sur ses actes. Nne­di Oko­rafor par­le aus­si de thèmes habituelle­ment moins présents en imag­i­naire, à com­mencer par l’ex­ci­sion et les vio­ls de guerre, les enfants sol­dats, les géno­cides etc. Âmes sen­si­bles, soyez donc prévenu.e.s : Qui a peur de la mort peut vous gên­er sur ces thé­ma­tiques très présentes !

Pour terminer, l’ambiance de Qui a peur de la mort jouera probablement beaucoup sur votre appréciation de ce roman, tout comme vos sensibilités féministes : les droits des femmes sont évoquées ici, et c’est d’autant plus passionnant. Alors, un roman qui se déroule dans une Afrique futuriste, post-apocalyptique aux allures de fantasy et de quête initiatique, ça vous tente ?

D’autres avis : Tig­ger Lil­ly, Corn­wall, Gro­movar, Lorhkan, Black­wolf, …

Chronique écrite dans le cadre du chal­lenge ABC Lit­téra­tures de l’Imag­i­naire organ­isé par MarieJuli­et, et me per­met de com­pléter la let­tre O de Oko­rafor. Retrou­vez mon bil­let d’in­scrip­tion à ce chal­lenge ici !

shaya

17 réflexions sur « Qui a peur de la mort ? de Nnedi Okorafor »

  1. C’est vrai qu’il a l’air intéres­sant mais je ne pense pas franchir le pas un jour, j’ai du mal avec les his­toires de viol et com­pag­nie. (J’é­tais en train de me dire, après avoir lu le bil­let de Tig­ger Lil­ly sur La Ser­vante écar­late, qu’en fait je ne l’au­rais jamais lu si j’avais su de quoi ça par­lait.) Enfin mer­ci, tu m’as rafraîchi la mémoire sur son exis­tence!

    1. PS: Dans la phrase “On abor­dera aus­si par là la dif­fi­culté de vivre dans un monde dom­iné par les femmes, où on refuse d’enseigner aux filles parce qu’elles sont filles”, je pense que tu voulais écrire “un monde dom­iné par les **hommes**”?

    2. Ah zut ! Mais je peux com­pren­dre. En bonne fan de polars ça ne me touche pas for­cé­ment mais bon 🙂 Mer­ci pour la coquille, je vais rec­ti­fi­er !

  2. J’ai envie de décou­vrir l’Autrice mais je pense que je vais plutôt com­mencer par son recueil, viol, vio­lence ne me bot­tent guère.

  3. Ta chronique reflète bien ce que j’ai ressen­ti durant cette lec­ture. J’avoue que je m’at­tendais pas à ce cri de révolte et à la vio­lence de cer­taines scènes, mais elles don­nent de la force au réc­it ^^ Je vais suiv­re les autres pub­li­ca­tions de N. Oko­rafor, c’est cer­tain !

    1. C’est sûr que ça sur­prend mais comme tu dis ça rend le roman très intéres­sant ! Je vais suiv­re aus­si à l’ex­cep­tion de ses pub­li­ca­tions jeunesse ^^

  4. Le début est effec­tive­ment super dur, mais je garde un bon sou­venir de ce roman : bel univers, un pro­pos très intéres­sant et une héroïne qu’on accom­pa­gne avec plaisir dans son périple (même s’il n’a rien d’un voy­age tran­quille).

  5. Ben zut, j’é­tais per­suadée d’avoir lu et com­men­té ta chronique… je l’ai peut-être un peu fait sur IG non?
    Bref… :p

    Un titre qui est dans ma bib­li depuis les Utos’18 et qu’il fau­dra bien que je me décide à lire. Les thèmes abor­dés m’at­tirent vrai­ment, je n’ai pas peur de m’y confronter,ils reflè­tent une dure réal­ité même si on est ici dans un réc­it Sf post-apo. Je crois que ça va être une claque quand je vais le lire, je pressens une lec­ture très forte.

    Mer­ci de ton retour 🙂

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