La collection « Une heure-lumière » du Bélial a été lancée début 2016, avec la vocation d’offrir au public français des textes inédits des meilleurs auteurs français et anglo-saxons, récompensés par des prix littéraires prestigieux.
Comme d’habitude quand il s’agit de novella, mon scepticisme battait son plein devant ce texte de Kij Johnson, auteur inconnu en France, dont aucun des textes à part celui-ci n’a été traduit chez nous, malgré ses récompenses littéraires (prix Hugo et Nebula en 2012). La très belle couverture est une fois de plus une création d’Aurélien Police.
Un pont sur la brume est cependant très loin d’être un texte ordinaire : Kit Meinem d’Atyar, architecte, a été chargé d’un projet hors du commun : construire un pont sur le fleuve de brume, véritable frontière entre deux parties de l’Empire. Un fleuve frontière ? Oui, car chez Kij Johnson, la brume est peuplée de mystérieuses créatures et de Géants, créatures mystiques mais surtout dangereuses.
Avant d’aller plus loin, mettons les choses au clair : si vous recherchiez un texte plein d’action, de vaisseaux spatiaux, ou même de fantasy, vous pouvez d’ores et déjà passer votre chemin. L’auteur a choisi de réaliser un portrait de cet architecte qui va vivre dans cette société pendant 5 ans, et surtout, assister au changement d’un peuple. Réunir ces deux moitiés d’Empire signifie bien sûr emploi, libre circulation, mais aussi une modification des deux villes de chaque côté du pont.
Pour traverser la brume, les voyageurs doivent faire appel à Risali Bac, une femme forte, indépendante, qui vit pour le fleuve de brume, et qui est capable de « sentir » la brume, tel un navigateur sentirait l’état de l’océan. Mais la famille Bac meurt lentement, sous les coups de la brume, et avec l’arrivée du pont, le métier de Risali est amené à disparaître.
Kij Johnson a choisi de nous présenter un texte très calme, qui nous raconte l’évolution d’une ville, à travers le point de l’architecte Kit Meinem, qui voyage au gré des chantiers. Observateur quelque peu exclu, car ne faisant pas partie de la population locale, du lent changement. Un pont sur la brume est aussi une histoire d’amour entre deux êtres très différents, mais qui laisse la place au reste de l’histoire.
Ce texte est pour moi un coup de coeur. Nous sommes face à une histoire achevée, qui ne m’a pas laissé un goût de trop peu. Cette novella est certes calme, mais il est aisé de s’imaginer à la place de notre architecte, débarquer dans une ville inconnue pour y rester le temps des travaux comme un étranger, et repartir. Une très belle découverte que je ne peux que recommander.
D’autres avis chez Lutin82, l’Ours Inculte, Xapur, Apophis, BlackWolf, Yogo, …
Je ne m’attendais pas à un récit aussi émouvant, très humain, et jouant subtilement sur les émotions. Une vraie réussite.
Pareil j’ai été surprise en le lisant mais c’est une très belle surprise !
Comme Lorhkan, j’ai été touchée par l’émotion dégagée par ce récit. Et effectivement, mieux vaut prévenir de l’absence d’action et des grands marqueurs du genre SFFF…
L’unanimité dans la blogo…
Ha je pense aussi on trouve rarement des textes avec très peu d’actions en SFFF !
Que dire de plus, pareil que les autres, j’ai trouvé ce texte superbe et j’ai beaucoup aimé 🙂
C’est beau quand on est tous d’accord !
Il faut vite que je le lise celui-là…
Kij Johnson a été peu traduite en France mais il y a eu trois nouvelles publiées avant cette novella :
http://www.noosfere.org/icarus/livres/auteur.asp?numauteur=-46672&Niveau=Nouvelles
J’ai eu la chance de traduire « Magie des renards » pour les éditions de l’Oxymore et j’en garde un souvenir très fort.