Auteur : Jeffrey Eugenides – Traduction : Marc Cholodenko
Editeur : Points – Parution : 2010
ISBN : 9782757820056 – Prix : 6.70 €
Ressenti
Parfois, un auteur vous surprend (dans le bon sens du terme), avec l’un de ses romans. Souvent, dans ce cas, l’envie me vient d’explorer sa bibliographie. C’est ce que je fais actuellement avec Russell Banks, et ce que j’ai entamé avec Jeffrey Eugenides, dont le dernier roman (Le roman du mariage) m’a beaucoup impressionnée.
Heureusement pour ma PAL, Eugenides n’est très prolifique pour le moment, et n’a donc que trois romans à son actif, et je viens de terminer sa biblio avec Virgin Suicides. Avant de parler du livre, précisons tout de même que je n’ai pas vu le film adapté du livre par Sofia Coppola.
Nous sommes dans les années 70, en Amérique, et un narrateur inconnu parle, au pluriel. On nous suggère que ce sont des jeunes voisins, des camarades de classe (masculins) qui parlent d’une famille. Plus précisément, de la famille Lisbon, de leurs cinq filles. Le roman s’ouvre sur l’arrivée d’ambulanciers, on nous apprend que la plus jeune des soeurs, Cécilia, 13 ans, vient de tenter de se suicider.
Tout au long du récit, les narrateurs nous raconteront l’histoire de cette famille, sur un peu plus d’un an, famille que l’on voit se désagréger au fil du temps. Les soeurs vont chacune évoluer à leur manière, être cloîtrées dans leur propre maison, et finalement, mettre fin à leurs jours.
Il est parfaitement compréhensible qu’un drame comme celui-ci soit terrifiant, et le roman tente d’exploiter le « pourquoi ? » qui touche probablement chaque personne ayant connu un-e suicidaire. Pourquoi fait-on ça ? Quand la vie devient-elle si atroce que la seule solution devient d’en finir ? Qu’ont fait les parents pour essayer d’empêcher ça ? Sont-ils coupables ? Est-ce la société qui est en cause ?
Les différents personnages sont intéressants, on nous dépeint des adolescents variés, des histoires d’amour, et au final, le roman se transforme en une quête désespérée du pourquoi.
Pour moi, c’est là que le bât blesse. L’intention est louable, c’est certainement intéressant, mais ça ne parvient pas à me toucher. Le suicide est une affaire personnelle, et même si c’est affreusement blessant pour les proches, dans une bonne partie des cas, on ne sait pas et on ne saura jamais ce qui pousse réellement à l’acte. Ce premier roman est sans doute bon, et intéressant pour certaines personnes, mais il est criant de vide pour moi. Pour être honnête, il souffre aussi probablement (dans mon cas) de la comparaison avec ses deux autres livres.
A propos de l’auteur
Jeffrey Eugenides, né dans le Michigan en 1960, a écrit son premier roman, « Virgin Suicides », en 1993. Il a été adapté au cinéma avec succès par Sofia Coppola en 1999. Son deuxième roman, « Middlesex », a reçu le prix Pulitzer en 2003.
Pas lu le livre mais j'ai trouvé le film magnifique. Je suis intriguée par le "vide" dont tu parles. C'est parce qu'il n'y a au final pas de réponse au pourquoi, qui semble être au centre de l'histoire ?
Je crois que oui. Ca manque d'émotionnel dans le bouquin pour moi.