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D’acier, de Silvia Avallone

On imag­ine très sou­vent l’I­tal­ie comme un paysage de carte postale, encore plus dans la petite île de Pom­binio, aux allures par­a­disi­aques. Seule­ment voilà, un décor comme ça n’est pas tou­jours aus­si agréable qu’on le voudrait. Pom­binio, comme le reste de l’I­tal­ie, est en proie à la crise, et pour les jeunes qui y vivent, dif­fi­cile d’imag­in­er autre chose qu’un avenir peu reluisant à l’acierie.

Et pour­tant, Anna et Francesca, jeunes ado­les­centes, sont les reines de la cité et rêvent de gloire, d’être écrivain ou man­nequin, et prof­i­tent de leur jeunesse sur l’île. Amies fusion­nelles qui ont juré de ne jamais se sépar­er, elles doivent faire face à la vie et aux dif­fi­cultés, trou­ver leur place sur cette île.

Les deux jeunes filles, comme tout per­son­nage ado­les­cent qui se respecte, sont à la fois atro­ce­ment agaçantes, avec leurs préoc­cu­pa­tions, et attachantes. Les per­son­nages mas­culins, peu présents, ne sont pas franche­ment agréables. Pour les deux pères, l’un est un fuyard qui ne réap­pa­raît que de temps à autre, l’autre bat femme et enfant, et espi­onne le corps de sa fille à la lunette.… Quand à Alessio, l’aîné d’An­na, mal­gré un côté apol­lon par­fois très irri­tant, il est un per­son­nage touchant quand à ses doutes, son avenir déjà brisé par l’aciérie.

Sil­via Aval­lone signe ici un roman social absol­u­ment sub­lime. On est en plein dans les années 2000, en pleine crise économique, et elle nous le fait bien sen­tir. On nous par­le de ces jeunes qui ne voient pas d’avenir, qui ne peu­vent pas réelle­ment rêver, de cette obses­sion de la beauté, et des ces ami­tiés très fortes qui sont une part de l’ado­les­cence, de la décou­verte de la sex­u­al­ité et de l’amour.

Une des choses que je ne m’at­tendais pas à trou­ver ici était la sen­su­al­ité dégagée par ce roman. Oui, le terme est étrange pour un roman, et pour­tant.… On nous décrit très sou­vent la beauté de ces deux filles, leurs corps d’ado­les­centes canons, bronzées, et bizarrement, ça donne une cer­taine sen­su­al­ité au texte. L’écri­t­ure est flu­ide, et vous happe dans le roman avant que vous n’ayez le temps de dire ouf. Alors, Viva Italia ?

D’aci­er, Sil­via Aval­lone, J’ai Lu, 2013.

A pro­pos de l’au­teur

Sil­via Aval­lone est née à Biel­la le 11 avril 1984. Elle pour­suit des études de let­tres et de philoso­phie à Bologne. Son pre­mier recueil de poésie, Il libro dei vent’anni, paraît en 2007. Elle écrit égale­ment des nou­velles, éditées dans des revues lit­téraires.

D’aci­er (it) (Acciaio), son pre­mier roman, est édité en 2010 par Riz­zoli. L’ac­tion se déroule à Piom­bi­no, une ville ouvrière de Toscane où l’au­teure a vécu. Il rem­porte le prix Campiel­lo Opera Pri­ma et est final­iste du prix Stre­ga. En France, traduit chez Liana Levi par Françoise Brun, il reçoit le prix des lecteurs de L’Ex­press 20114. L’adap­ta­tion ciné­matographique du roman est réal­isée par Ste­fano Mor­di­ni. En 2012, le film est présen­té à la Mostra de Venise.

shaya

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