Sarah Waters fait partie de ces auteures que je suis attentivement depuis plusieurs années, parce qu’elle est l’une des rares auteures contemporaines à écrire de la romance F/F (aka romance lesbienne) qui ne soit pas seulement une histoire d’amour. En règle générale, ses romans se situent dans l’entre-deux-guerres, ou peu après la seconde guerre mondiale, et Derrière la porte n’échappe pas à la règle, se situant en 1922, dans la capitale britannique.
L’histoire suit Frances, jeune femme de 26 ans destinée à devenir vieille fille, qui vit avec seule avec sa mère. Les deux femmes sont contraintes pour des raisons budgétaires de devenir logeuses, et de louer le premier étage de leur maison à un jeune couple sans enfant, Lilian et Leonard Barber. Rapidement, une relation d’amitié puis d’amour se créent entre les deux jeunes femmes, jusqu’à ce que Lilian découvre attendre un enfant…
Contrairement à ce que nous laisse croire le résumé de Derrière la porte, ce roman n’est pas simplement une histoire d’amour : il retrace aussi les difficultés de ces jeunes femmes d’après-guerre, dans un monde où un grand nombre de jeunes gens (et donc potentiels futurs maris) ont été tué et/ou mutilé par la guerre, et la difficulté d’être condamnée à finir « vieille fille ». On y retrouvera également une part de suspens et de thriller, dans la dernière partie du roman.
Cependant, le personnage principal de Frances me pose un problème ici : au démarrage du roman, nous avons une héroïne qui semble forte, mais surtout soumise à la volonté de sa chère mère, à tenir un intérieur parfait quitte à ce que ça lui prenne tout son temps. Le problème de ce personnage s’aggrave au fil du récit : de femme d’intérieur parfaite, Frances se transforme petit à petit en larve amoureuse transie qui idéalise totalement Lilian, et qui semble un peu perdue par sa relation.
Malheureusement pour Derrière la porte, cette partie de romance est beaucoup trop présente à mon goût, et la partie un peu plus rythmée thriller manque d’intérêt à mes yeux. Ça manque de rythme, de sensualité, de ces héroïnes fortes qu’on aime d’habitude chez Sarah Waters et qu’on ne fait qu’entrevoir avec la précédente version de Frances, vue à travers des flashbacks, et qui tentait elle d’assumer son homosexualité, quoi qu’en pense sa chère mère. En bref, j’attendais avec une grande impatience ce dernier roman de Sarah Waters, et c’est une déception. Si vous ne connaissez pas l’auteure et souhaitez tenter l’aventure, je vous invite plutôt à lire Caresser le velours.