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L’envolée des Enges, Claire Krust

Il y a deux ans, à la sortie de la première publication de Claire Krust chez ActuSF, j’avais longuement hésité à tenter ma chance, mais il s’agissait d’un recueil de nouvelles, et ceux qui me suivent ici savent que ce n’est pas mon genre de prédilection. Du coup, en tombant sur L’envolée des Enges à la bibliothèque, c’était l’occasion ou jamais de découvrir enfin cette autrice. Ce premier roman est sorti à l’occasion de la Rentrée de l’Imaginaire, une initiative des Indés de l’Imaginaire.

Pre­mier prob­lème : la charte graphique de cette col­lec­tion d’Ac­tuSF ne met pas d’indi­ca­tion sur le fait qu’il s’ag­it d’une série sur la pre­mière de cou­ver­ture ou sur le dos : c’est en effet indiqué sur la qua­trième de cou­ver­ture et à l’in­térieur du livre, et je me suis faite avoir. C’est de ma faute, mais, quand il s’ag­it d’un pre­mier tome qui ne se lit pas en mode one-shot, c’est un peu agaçant. Pas­sons, et faisons place à l’his­toire !

Depuis des décen­nies, les Enges vivent en paix en haut de leur pili­er, en totale com­mu­nion avec le vent, exilés du reste du monde dont ils n’ont que faire. L’Envolée est proche, ce rite qui leur per­met d’acquérir leurs ailes d’or et de s’élancer vers les cieux. Mais le cœur de Céléno n’est pas à la fête. Rejetée par ses pairs, privée de ce droit, elle est sur le point d’assister au départ de l’homme qu’elle aime en secret. C’est alors que l’impensable se pro­duit. Les hommes, ces êtres qu’ils ne con­nais­sent que dans les légen­des, sur­gis­sent et met­tent leur pili­er à feu et à sang.

Pré­cip­itée sur la terre ferme, para­chutée dans un monde qu’elle ne com­prend pas et qui veut sa mort, Céléno est sauvée in extrem­is par Sujin l’Être de l’eau. Ensem­ble, ils vont remon­ter les traces des derniers Enges cap­tifs et ten­ter de les libér­er. Mais que peu­vent deux parias con­tre la folie des hommes ?

Le résumé est clair, nous par­tons pour le monde d’Enges prêts à l’En­volée, qui sem­ble une sorte de rite de pas­sage à l’âge adulte, lorsque soudain, tout va bas­culer. Cette pre­mière par­tie est bien amenée, Céléno n’est pas un per­son­nage très attrac­t­if mais on peut com­pren­dre ses moti­va­tions, et ce qui est esquis­sé du monde des Enges est intéres­sant. C’est aus­si l’oc­ca­sion d’évo­quer des sujets intéres­sants comme la mater­nité et l’a­vorte­ment, et les autres per­son­nages présen­tés sont  Cepen­dant, cette (bonne) pre­mière par­tie est à mon sens un des prob­lèmes du roman : elle représente une grosse par­tie du roman, alors qu’il s’ag­it d’une intro­duc­tion des­tinée à met­tre en place l’in­trigue réelle du roman.

La sec­onde et plus courte par­tie du roman va se focalis­er sur ce qui est évo­qué dans la qua­trième de cou­ver­ture : le sauve­tage de nos Enges, cap­turés par les humains. On change donc com­plète­ment d’am­biance, adieu paysage idyllique sor­ti de la mytholo­gie grecque, place à une ambiance médié­vale et aux humains bru­taux, xéno­phobes, et j’en passe. C’est aus­si l’oc­ca­sion de ren­con­tr­er les autres races mag­iques de ce monde, notam­ment avec Sujin, un Être de l’eau, et les Elbes. A not­er d’ailleurs que, que ça soit pour les Enges ou pour les Êtres de l’eau, leur magie et leur manière d’in­ter­a­gir avec l’en­vi­ron­nement est très intéres­sante.

Cepen­dant, on ne saura pas grand chose sur le monde des humains où nous avons été pro­jetés : nous savons qu’ils ont été bru­tale­ment isolés et qu’il s’agis­sait aupar­a­vant d’un seul roy­aume qui aurait implosé pour devenir trois cités indépen­dantes.

La dernière par­tie est celle qui m’a le plus déçue :  nous voilà immergés chez les humains quelques années plus tard, et nous suiv­ons un jeune appren­ti nom­mé Arhan, qui cherche à échap­per à sa con­di­tion d’esclave. Les per­son­nages présents dans les autres par­ties ont le plus sou­vent dis­parus, ou sont réduits à un rôle très sec­ondaire. C’est à mon sens là que le bât blesse vrai­ment : autant les deux pre­mières par­ties, bien que subis­sant un change­ment de vue, restent dans la même tem­po­ral­ité, et sont intime­ment liées, alors qu’on ne voit pas vrai­ment le rap­port entre la dernière par­tie et le reste, et ça m’a réelle­ment l’im­pres­sion de lire deux romans com­plète­ment dif­férents.

Il m’a été impos­si­ble de m’at­tach­er un tant soit peu à Arhan qui me laisse de mar­bre, ou même à son intrigue. On a pour­tant des thé­ma­tiques intéres­santes évo­quées dans cette par­tie, la xéno­pho­bie, l’esclavage, mais la may­on­naise n’a pas pris pour moi.

Pour conclure, ce roman de Claire Krust a des qualités comme des défauts : l’univers présenté au début du roman m’a beaucoup intriguée tout comme les intrigues présentes, mais manque de détails, et surtout ce roman souffre pour moi d’un problème de construction, avec ces intrigues qui ne se recoupent pas pour le moment. Claire Krust a cependant une écriture fluide qui rend son roman très agréable à lire. Il est fort probable que je lirai la suite de ce diptyque, afin d’en avoir une vue d’ensemble.

D’autres avis chez : Black­wolf, Boudic­ca, L’ours inculte, …

 

shaya

15 réflexions sur « L’envolée des Enges, Claire Krust »

    1. Je suis totale­ment d’ac­cord. En plus, c’est l’his­toire de la pre­mière par­tie qui m’in­téresse le plus dans l’af­faire :/

  1. C’est vrai­ment hor­ri­ble les tomes 1 “cachés”… En tout cas, celui-ci donne toutes les raisons pour atten­dre le deux­ième vol­ume et lire les deux à la suite. ^^’

    1. Mais car­ré­ment ! Encore quand c’est un tome qui peut se lire indépen­dam­ment… J’e­spère juste que le sec­ond tome arrivera bien cette année et vau­dra le coup.

  2. “C’est de ma faute,” -> bah non, c’est pas très clair de la part de l’édi­teur 😉
    Ce n’est pas du tout ma came ce genre de bouquin mais j’avais trou­vé le pre­mier livre de l’autrice plutôt sym­pa­thique.

  3. De cette autrice, j’avais trou­vé sym­pa mais sans plus son pre­mier livre. Comme le thème de celui-là ne me par­le pas plus que cela (mal­gré une chou­ette cou­ver­ture), je vais pass­er mon tour. Et no com­ment sur le tome 1 dis­simulé, ça devient une habi­tude… xD

  4. Comme toi je me suis fait “avoir” plusieurs fois avec des tome 1 qui ne sont pas indiquées et ça m’én­erve à chaque fois… franche­ment pourquoi ne pas l’indi­quer sur le couv’ ?
    Vu ta chronique, c’est typ­ique­ment le genre de livre que je lirai peut être mais quand tous les tomes seront sor­tis 😉

    1. C’est ce que j’au­rais fait aus­si je pense. C’est sûr que c’est plus facile de ven­dre un tome 1 où c’est indiqué de manière un peu cachée mais pas ter­ri­ble pour le lecteur.…

  5. Bon ça n’a pas l’air d’être un incon­tourn­able donc je passe mon tour. D’au­tant plus que je me dois d’es­say­er de finir cer­taines séries (cour­tes, longues peu importe) avant d’aller vers de nou­velles (aus­si cour­tes, loingues soient-elles :p )

    1. Je com­prends tout à fait ! Il y a beau­coup d’avis posi­tifs sur son pre­mier livre, un recueil de nou­velles.

  6. Plus que l’his­toire en elle-même, c’é­tait surtout le cadre poé­tique d’un Japon féo­dal imag­i­naire qui m’avait plu dans Les Neiges de l’éter­nel. Con­cer­nant celui-ci, je reste dans l’ex­pec­ta­tive avant de con­naître les retours sur le suiv­ant ^_^

    1. J’avoue ne pas être très Japon à la base, et on est bien loin effec­tive­ment de cet univers dans ce roman ^^ Je crois que c’est mieux oui d’avoir une vue d’ensem­ble avant de se lancer !

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