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Opération Bulles, épisode #1

Vous le savez peut-être déjà, mais la bande-dess­inée fait par­tie des gen­res que je lis le moins. Non pas par manque d’in­térêt, mais plutôt parce que ma vitesse de lec­ture est élevée, et que très hon­nête­ment, je suis ennuyée de pay­er aus­si cher un pro­duit qui sera con­sumé en à peine une heure. Quoiqu’il en soit, on peut féliciter les médiathèques de mon coin, grâce à qui la BD revient petit à petit dans mes lec­tures, et on inau­gure ce ren­dez-vous, qui je l’e­spère vous plaira.

  • La parenthèse d’Élodie Durand :

La parenthèse

 

“C’est l’his­toire d’une jeune fille âgée d’à peine plus de 20 ans, d’un drame dans sa vie qui sem­blait être sans retour, d’une chute dans la mal­adie, dans la perte de soi. Ce réc­it est une bataille con­tre l’ad­ver­sité. Il par­le de la mémoire par­fois si frag­ile, d’une con­va­les­cence inat­ten­due, de com­ment, un jour, on réap­prend son alpha­bet, à compter, à retrou­ver ses sou­venirs.” Élodie Durand

Cette BD était en fait une relec­ture : il me sem­ble l’avoir lue à sa sor­tie, mais, en croisant son chemin dans les ray­on­nages, l’en­vie m’a pris de la relire. On par­le ici d’un sujet qui est loin d’être facile : le hand­i­cap, et plus pré­cisé­ment, celui engen­dré par l’épilep­sie. Il s’ag­it ici d’un témoignage, où l’au­teure nous racon­te son par­cours, et aus­si, la dif­fi­culté d’ac­cepter la mal­adie. Com­ment croire qu’on est malade quand on ne sou­vient pas d’avoir fait un malaise ? Et puis, certes, le sou­venir d’un jour nous échappe, mais, après tout, qui n’a pas par­fois cette sen­sa­tion après des jours qui se suiv­ent et se ressem­blent ? C’est un très beau témoignage apporté ici, servi par un dessin épuré très chou­ette.

 

  • Les crocodiles de Thomas Mathieu

Les crocodiles

Thomas Math­ieu racon­te des his­toires vraies (qui lui sont con­fiées par des filles) liées à des prob­lé­ma­tiques comme le har­cèle­ment de rue, le machisme, le sex­isme, avec une approche fémin­iste et bien­veil­lante vis-à-vis des femmes. Dans ses planch­es, les hommes sont tous représen­tés en croc­o­diles verts tan­dis que les décors et les per­son­nages féminins sont traités en noir et blanc de manière plus réal­iste. Son approche inter­pelle et fait réfléchir aux rela­tions entre hommes et femmes dans notre société actuelle.

Le pro­jet Croc­o­diles est un pro­jet que j’ai d’abord con­nu sur Inter­net, sur le tum­blr dédié. Et que j’ap­pré­ci­ais beau­coup à une péri­ode, étant idéal pour sen­si­bilis­er à la cause du har­cèle­ment de rue. Mais par­lons main­tenant de la BD. Celle-ci se com­pose de témoignages recueil­lis par l’au­teur, témoignages, d’a­mi-e‑s, de proches, ou d’in­con­nus. Le dessin est en noir et blanc, et tous les hommes sont représen­tés comme des croc­o­diles. Ce dernier point est polémique, l’au­teur en a con­science, et explique bien que pour lui, le but est de retran­scrire des témoignages de femmes, d’où ce choix qui ne me con­vient pas tout à fait, mais bon. Comme dans toute BD, cer­tains strips m’ont moins plu que d’autres et m’ont paru moins per­ti­nents, tan­dis que d’autres sont mal­heureuse­ment glaçants. Un des mes prin­ci­paux regrets est cepen­dant les fameux “con­seils pour lut­ter le har­cèle­ment”, qui sont des­tinés aux femmes. Il me paraît bien plus impor­tant d’é­du­quer les harceleurs et futurs harceleurs, et, mal­heureuse­ment, j’ai bien peur que con­traire­ment à ce qu’aimerait sans doute l’au­teur, ils n’iront pas d’eux-même lire un texte sur le har­cèle­ment.

  • Shenzen de Guy Delisle

Shenzen

À la fin des années 90, le dessi­na­teur Guy Delisle a séjourné à Shen­zen, dans le sud de la Chine, pour tra­vailler dans un stu­dio de dessin ani­mé. Dépayse­ment garan­ti.

Il s’ag­it ici d’une des nom­breuses ban­des-dess­inées auto­bi­ographiques de ce dessi­na­teur, et plus pré­cisé­ment, de son séjour à Shen­zen. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Shen­zen telle qu’elle est décrite ici ne donne pas franche­ment d’y aller : peu touris­tique, très peu d’oc­ci­den­taux, mais du dépayse­ment garan­ti ! La com­mu­ni­ca­tion étant com­pliquée, Guy Delisle observe beau­coup, teste les plats au hasard (quand on ne peut pas lire le menu, on fait comme on peut 🙂 ), et surtout en prof­ite pour nous livr­er ce car­net de voy­age. Ce n’est pas le pre­mier Delisle que je lis, mais celui-ci s’avère un peu déce­vant pour moi, notam­ment parce qu’il ne s’y passe vrai­ment pas grand chose. Blo­qué par son tra­vail et les dif­fi­cultés de com­mu­ni­ca­tion, l’au­teur peut dif­fi­cile­ment prof­iter de ce séjour, bien que la cul­ture soit intéres­sante à observ­er. À not­er aus­si qu’il s’ag­it de son pre­mier car­net de voy­age.

 

 

  • Catharsis de Luz

catharsisLe 7 jan­vi­er 2015, le dessi­na­teur Luz a per­du dans l’attentat com­mis à Char­lie Heb­do, des amis, mais aus­si l’envie de dessin­er. Alors que la France s’est révélée « Char­lie », Luz rede­vient auteur. Au début, il y a le drame, la douleur, la rage, la perte. Et puis, petit à petit, il y a le besoin de dessin­er qui revient, l’envie non pas de témoign­er, mais de se met­tre à nu, de se libér­er.

Très hon­nête­ment, je con­nais­sais pas l’œu­vre de Luz avant de lire cette bande-dess­inée, et, en la croisant à la bib­lio­thèque, c’é­tait l’oc­ca­sion ou jamais. Ici, Luz nous par­le de son ressen­ti par rap­port à l’at­ten­tat de Char­lie Heb­do, et l’après. Il a per­du à cette occa­sion non seule­ment des col­lègues mais surtout des amis, et aus­si, le désir de dessin­er pen­dant un temps. Cette BD n’est pas facile à lire de par son thème, et com­prend un dessin très épuré, auquel je n’ac­croche que peu. Il y a égale­ment un aspect assez décousu, dans le sens où ce n’est pas une his­toire que l’on nous racon­te, mais plus un témoignage. Je ne saurais dire pourquoi je n’ai pas accroché à cette œuvre, mais peut-être faut-il que je teste avec une autre BD de l’au­teur.

  • L’arabe du futur de Riad Sattouf (tomes 1 à 3)

L'Arabe du futurCe livre racon­te l’histoire vraie d’un enfant blond et de sa famille dans la Libye de Kad­hafi et la Syrie d’Hafez Al-Assad..

Cette bande-dess­inée a eu un gros suc­cès com­mer­cial en librairie, et ça fai­sait un moment que j’avais bien envie de la décou­vrir, c’est enfin chose faite. Riad Sat­touf nous racon­te ici son enfance passée au Moyen-Ori­ent, tout d’abord en Libye, puis en Syrie. Son père, qui voulait faire de la poli­tique, a étudié l’his­toire en France, où il a ren­con­tré sa future femme. Pas­sion­né de poli­tique, déçu de sa men­tion “Hon­or­able, ce doc­tor­ant choisira de pos­tuler un peu partout dans le monde arabe, avant de trou­ver un poste à Tripoli, en Lybie, gou­vernée par Khadafi. Et c’est ain­si que Riad, 2 ans, se retrou­ve propul­sé tout jeune dans un autre monde, la Libye. On décou­vre donc leur vie peu aisée dans ces deux pays, maisons vétustes, appro­vi­sion­nement par­fois dif­fi­cile (spoil­er : il faut aimer les bananes !), les por­traits de Khadafi exposés partout, et puis la vie paysanne en Syrie, dans un petit vil­lage près de la famille pater­nelle de Riad. Les filles et les garçons ne vont pas dans les mêmes class­es, où la reli­gion est extrême­ment impor­tante (atten­tion, ne soyez surtout pas juifs, les enne­mis de la Patrie). L’au­teur croque la vie là-bas avec déli­catesse et humour, en lais­sant aus­si transparaître quelques prob­lèmes d’adultes dans le réc­it, notam­ment avec les dif­fi­cultés d’ac­cli­mata­tion de sa mère, un peu exclue de la vie du vil­lage car étrangère et ne par­lant pas ou peu arabe. On peut aus­si voir à tra­vers son regard d’en­fant les dif­fi­cultés économiques de ces pays, et les dif­férences cul­turelles. En tout cas, une chose est sûre, son père lui répète qu’il sera un arabe mod­erne, cul­tivé, l’arabe du futur.

shaya

8 réflexions sur « Opération Bulles, épisode #1 »

  1. Je te rejoins totale­ment con­cer­nant le ratio dépense/temps de lec­ture, ce n’est guère avan­tageux. La plu­part des BD que j’ai lus ont été emprun­tées à la bib­lio­thèque. Sinon, pour les comics je lis ceux de mon homme…
    J’ai lu le Guy Delisle! Mais je ne m’en sou­viens pas du tout. Il ne m’a claire­ment pas autant mar­quée que Chroniques de Jérusalem. Il a prob­a­ble­ment évolué avec le temps vu que c’est son pre­mier.

    1. Oui je pense aus­si pour le Delisle qu’il a du évolué par la suite, après, il man­quait peut-être aus­si un peu de con­tenu pour le coup 🙂 Et mer­ci de ras­sur­er sur le ration dépense/temps de lec­ture XD Il n’y a que les romans graphique que j’achète vrai­ment au final, ils sont plus longs !

  2. Les bib­lio­thèques, c’est le bien, le très bien !
    Je n’en ai lu aucune, et je ne suis pas vrai­ment ten­té je dois avouer, même s’il faudrait peut-être essay­er « L’Arabe du futur » vu le car­ton.

  3. Je n’en ai lu aucune… quand j’au­rais un peu de temps faut vrai­ment que j’aille voir ce qu’ils ont dans la bib­lio­thèque à côté de chez moi (moi j’ai arrêté les BDs par manque de place en fait)

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