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Par-delà les murs du monde, James Jr Tiptree

James Jr Tip­tree est un auteur célèbre dans le monde de la sci­ence-fic­tion, mais dont j’avais assez peu enten­du par­ler, notam­ment parce qu’en France, seul son roman Par-delà les murs du monde est encore disponible. Quand j’ai décou­vert que le véri­ta­ble nom de James Jr Tip­tree était en réal­ité Alice Bradley Shel­don, ce fut une sur­prise, et c’est bien pour que je l’ai inclus peu après dans le chal­lenge ABC Lit­téra­tures de l’Imag­i­naire organ­isé par Mariejuli­et, avec la con­trainte sup­plé­men­taire pour ma part de ne lire que des autri­ces, de préférence pas lues avant.

Autant donc vous dire que l’im­pa­tience était au ren­dez-vous pour décou­vrir ce roman, dont voici la qua­trième de cou­ver­ture :

Sur Terre, le doc­teur Daniel Dann est chargé de suiv­re les sujets du pro­jet Polymère, tous des télé­pathes poten­tiels. Pen­dant ce temps, dans l’e­space, un être gigan­tesque et tout-puis­sant détru­it les sys­tèmes solaires les uns après les autres, obéis­sant à un ordre dont il a oublié la prove­nance et la sig­ni­fi­ca­tion. La planète Tyree va, à son tour, être anéantie. Ses habi­tants, les Tyren­ni, cherchent dés­espéré­ment un moyen de sur­vivre, et tout par­ti­c­ulière­ment les Pères, chargés de porter et d’élever les enfants. Ces trois espèces, si dif­férentes, vont-elles par­venir à com­mu­ni­quer? Les Tyren­ni échap­per­ont-ils au Destruc­teur de mon­des?
Dans ce roman de sci­ence-fic­tion ver­tig­ineux, James Tip­tree Jr. parvient à nous faire ressen­tir l’altérité de ses per­son­nages brisés, men­acés d’ex­tinc­tion, tout en main­tenant un sus­pense hale­tant.

Dans la pre­mière par­tie du roman, nous suiv­ons à tour de rôle Tyvonel, une habi­tante de la planète Tyree, le doc­teur Dann sur la Terre, et le fameux Destruc­teur de mon­des. Tyvonel, et plus glob­ale­ment la race des Tyren­nis, est absol­u­ment fasci­nante, puisque, pour com­mencer, les rôles des mâles et des femelles sont totale­ment inver­sés.

Ici, ce sont les Pères qui s’oc­cu­pent des petits, et qui sont con­sid­érés comme des “sages”, alors que les femelles sont plutôt courageuses et aven­turières. Les Tyren­ni vivent sur une planète où les vents ont une impor­tance cru­ciale, et ressem­blent à des sortes de raies man­tas, si j’ai bien com­pris. Il est égale­ment à not­er que les Tyren­ni ont des pou­voirs psi et com­mu­niquent entre par télé­pathie.

Le Destruc­teur de mon­des est lui aus­si un per­son­nage très intéres­sant : il est dif­fi­cile de savoir s’il s’ag­it d’une machine, d’un être vivant, ou encore d’un pro­gramme infor­ma­tique (même si c’est per­son­nelle­ment vers cette dernière option que je penche), mais on s’at­tache étrange­ment à ce per­son­nage qui sem­ble à la fois souf­frir de soli­tude et vouloir à tout prix s’ab­sorber dans sa tâche, sans trop savoir si c’est réelle­ment ce qu’il est cen­sé faire.

Le dernier point de vue, selon de nos Ter­riens, est celui qui m’a le moins plu. Le doc­teur Dann suit des cobayes du pro­jet Polymère, mais le pro­jet n’est jamais réelle­ment expliqué, et il est dif­fi­cile d’en com­pren­dre sa final­ité. Les télé­pathes en ques­tion ne m’ont pas non plus mar­qués, hélas.

Cette pre­mière par­tie est très longue, et pour être hon­nête, c’est aus­si celle qui a bien fail­li me faire aban­don­ner la lec­ture de ce roman : le prob­lème ici, c’est que les trois points de vue ne se rejoin­dront que dans la dernière par­tie, et il n’y a pas vrai­ment de liens entre eux avant une bonne moitié du roman. C’est sans l’om­bre d’un doute le point noir de Par-delà les murs du monde.

Dans la deux­ième et dernière par­tie, tout s’en­chaîne : la planète Tyree va être détru­ite, et les Tyren­ni cherchent une solu­tion, tan­dis que du côté des Ter­riens, des choses étranges se passent… Je n’en dirais pas plus pour éviter le spoil, mais sachez que cette dernière par­tie est pas­sion­nante bien que la toute fin soit un peu étrange.

En con­clu­sion ? Ce roman de James Jr Tip­tree, ou plutôt Alice Bradley Shel­don, ne manque pas de qual­ités par les sujets abor­dés : la parental­ité, la place des gen­res dans la société, un choc des civil­i­sa­tions et bien d’autres choses encore. Cepen­dant, Par-delà les murs du monde souf­fre d’un prob­lème de rythme, et si vous souhaitez entamer cette lec­ture, il ne faut surtout pas se décourager mais per­sévér­er. A not­er égale­ment qu’il s’agis­sait du pre­mier roman de l’autrice, qui n’en a d’ailleurs écrit que deux, ce qui m’amène à soupçon­ner que ses nou­velles sont encore meilleures.

Chronique écrite dans le cadre du chal­lenge ABC Lit­téra­tures de l’Imag­i­naire organ­isé par MarieJuli­et, et me per­met de com­pléter la let­tre T de Tip­tree. Retrou­vez mon bil­let d’in­scrip­tion à ce chal­lenge ici !

shaya

15 réflexions sur « Par-delà les murs du monde, James Jr Tiptree »

  1. Je n’ai jamais lu l’autrice… et j’i­rai plutôt trou­ver une autre lec­ture pour démar­rer, là c’est un coup à en avoir une mau­vaise impres­sion. ^^

  2. Le sujet ne m’in­téresse pas trop, et si le début est laborieux…
    Par con­tre, j’aimerai bien con­naître la pro­por­tion d’hommes qui sont des femmes en SFFF.

    1. Effec­tive­ment si tu veux vrai­ment la décou­vrir, il vaut mieux se focalis­er sur ses nou­velles. Et c’est une très bonne ques­tion la pro­por­tion !

  3. Autrice encore incon­nue… Si j’ai bien com­pris elle a pub­lié plus de choses mais pas traduits encore? Par con­tre, tous ses écrits son sous ce nom?
    À voir s’il ne serait pas plus intéres­sant de la lire en anglais.

    1. Tous ces écrits sont sous le nom de James Jr Tip­tree à ma con­nais­sance, et en français, il ne reste plus que ce roman de disponible. Je pense que c’est effec­tive­ment une bonne idée de la lire en anglais.

  4. Ton avis con­firme que j’ai bien fait de ne pas me ruer sur ce roman après avoir lu Mor­wen­na ^^.
    Y’a le livre d’or de la SF sur Tip­tree qui con­tient quelques très beaux textes mais qui est dif­fi­cile à se pro­cur­er. Cer­taines de ses nou­velles sont dis­patchées dans des antholo­gies, autant dire qu’il faut aimer creuser dans l’oc­ca­sion pour décou­vrir ses écrits.

  5. J’ai décou­vert cette autrice grâce à Mor­wen­na 🙂
    Je pense que je n’essaierai pas avec ce titre, par con­tre j’aimerai beau­coup lire ses nou­velles !

    1. J’ai du la décou­vrir par là aus­si et l’ou­bli­er aus­si (honte à moi), bon courage pour trou­ver des nou­velles par con­tre !

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