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Frankenstein 1918, Johan Heliot

Johan Heliot est un auteur que j’ai déjà eu l’oc­ca­sion de crois­er par le passé, mais en jeunesse, notam­ment avec sa trilo­gie La quête de l’e­spérance, que j’avais beau­coup appré­ciée. Du coup, en voy­ant pass­er des avis plutôt posi­tifs sur Franken­stein 1918, une uchronie adulte sur une thé­ma­tique intéres­sante, c’é­tait l’oc­ca­sion de le lire !

Grande Guerre, 1914. Après un pre­mier engage­ment désas­treux, les Anglais déci­dent l’opération Franken­stein : plutôt que de con­stru­ire des chars, on créera de la chair à canon.
À par­tir des archives du fameux doc­teur et grâce à la pro­duc­tion d’électricité à présent indus­tri­al­isée, des unités de sol­dats pou­vant être sac­ri­fiés sans remords seront fab­riquées – les champs de bataille du nord de la France fourniront la « matière pre­mière ». Win­ston Churchill est nom­mé respon­s­able de l’unité de recherche sur la régénéra­tion.
Les « frankies » vont faire leurs preuves sur le ter­rain, mais la société se partage entre pro et anti. L’opération finale­ment inter­rompue, l’un d’eux, Vic­tor, échappe au mas­sacre puis est sec­ou­ru par Marie Curie qui le rend à la vie con­sciente grâce aux radi­a­tions.
Réfugié dans les décom­bres de Lon­dres, qui a été détru­ite et ren­due inhab­it­able par un bom­barde­ment à l’arme chim­ique, Vic­tor retrou­ve le lab­o­ra­toire où il est né, y recueille Churchill et engage un com­bat pour l’émancipation des siens. C’est là qu’un jeune cou­ple, elle, résis­tante à l’occupation, lui, his­to­rien, finit par le retrou­ver en 1958, dans l’espoir de lever le voile sur ce ver­sant secret de l’Histoire que la cen­sure en vigueur ne suf­fit pas à expli­quer.

En voilà un résumé promet­teur, n’est-ce pas ? Nous suiv­rons donc plusieurs points de vue dans ce roman : notre cou­ple d’his­to­riens, à tra­vers leur fille, Win­ston Churchill à tra­vers son jour­nal, et enfin Vic­tor. Les tem­po­ral­ités sont elles aus­si nom­breuses : celle de Churchill se déroule pen­dant la pre­mière Guerre Mon­di­ale (qui ne se ter­min­era ici que dans les années 30, après une vic­toire de l’Alle­magne nazie), tan­dis que celle du cou­ple se situe en 1958, à la décou­verte des car­nets de Churchill, et celle de Vic­tor cou­vri­ra l’ensem­ble du réc­it.

L’his­toire de Win­ston Churchill est pas­sion­nante : nous ren­con­trons là un homme dés­espéré, face à une sit­u­a­tion com­plexe et peu envi­able pour son pays : une guerre où la jeune généra­tion est en train de dis­paraître, et l’ar­mée a un besoin ter­ri­ble de “chair à canon”. Com­ment sauver son peu­ple ? Et c’est bien de là que naî­tra cette idée ter­ri­fi­ante : créer des unités de sol­dats sac­ri­fi­ables, à par­tir des corps de jeunes sol­dats morts au front, ressus­cités grâce au génie qu’est le doc­teur Vic­tor Franken­stein.

Celle du per­son­nage de Vic­tor l’est tout autant : nous avons là le pre­mier des “non-nés”, pre­mier des ressus­cités, qui nous racon­te son his­toire, celle d’un homme con­scient de ce qu’il est, et de toutes les dif­fi­cultés que ça va impli­quer par la suite. Com­ment vivre quand on est cen­sés n’être rien d’autre que de la chair sac­ri­fi­able face à l’en­ne­mi ?

Nous crois­erons aus­si au fil du réc­it quelques per­son­nages his­toriques, notam­ment la famille Joliot-Curie, et le roman est extrême­ment doc­u­men­té.

En revanche, j’avoue avoir eu des dif­fi­cultés à m’at­tach­er aux autres per­son­nages, et c’est ce qui me manque dans ce réc­it pour qu’il me plaise réelle­ment. Il faut aus­si avouer que même si j’ap­pré­cie l’His­toire, et l’Uchronie, l’époque de la Grande Guerre n’est pas celle qui me pas­sionne plus.

Pour finir, Frankenstein 1918 est un chouette roman de Johan Heliot, mais qui plaira sans plus doute aux passionnés d’uchronie et des guerres mondiales. Il est sorti en septembre 2018, chez L’Atalante !

D’autres avis : Boud­di­ca, Gro­movar, Lune , …

shaya

12 réflexions sur « Frankenstein 1918, Johan Heliot »

  1. Les guer­res mon­di­ales et les uchronies ne sont déjà pas vrai­ment mon fort, alors s’il faut en plus vrai­ment en être adepte pour pleine­ment l’ap­préci­er… je crois que je vais m’en pass­er. ^^

  2. Objecteur par con­science, je n’aime pas la guerre, mais on dirait que Johan Heliot non plus. Sa trilo­gie de la lune, mal­gré quelques défauts, m’avait dépaysé, son Franken­stein va donc finir dans ma liseuse

    1. Ah, j’avoue que je ne lis pas for­cé­ment les qua­trième de cou­ver­ture en entier ^^ Du coup, tu pass­es ton tour, c’est ça ?

  3. Je ne lis pas les résumés, je préfère les avis lecteur.ices. ^^

    Et je suis plutôt intéressée par tout ce qui touche à la sec­onde guerre mon­di­ale. Non que je sois belliqueuse hein, je déplore les guer­res et leurs con­séquences immé­di­ates ou plus loin­taines. Bref.

    Ceci dit, ça a l’air un peu “wtf” le con­tenu alors je ne sais pas si ce titre pour­rait me plaire. Intriguée avec un mais :p

    Au moins, grâce à toi, j’en aurai enten­du par­ler 🙂

    1. Ah mais je com­prends bien l’in­térêt pour les guer­res même si on les déplore ! J’avoue aus­si que la sec­onde me par­le plus que la pre­mière. C’est un roman intéres­sant mal­gré le WTF !

  4. J’aime beau­coup les uchronies mais j’avoue que je suis plus intéressée par celle sur la 2nde GM que la 1ère… après ce livre me rend très curieuse et je pense que je vais me laiss­er ten­ter. Je ferais con­nais­sance avec l’au­teur et sa plume 😉

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