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L’année suspendue de Mélanie Fazi

Mélanie Fazi fait par­tie des autri­ces que je suis depuis longtemps. Après avoir écrit de la fic­tion avec Notre-Dame-aux-Ecailles, Ser­pen­tine, en autres, et son très bel essai (non chroniqué) Nous qui n’ex­is­tons pas, sur l’a­sex­u­al­ité, la voici de retour avec un nou­v­el essai sur l’autisme cette fois, paru chez Dystopia, L’an­née sus­pendue. La cou­ver­ture a été réal­isée par Stéphane Perg­er.

L'année suspendue de Mélanie Fazi

Comme dans le livre précé­dent, il est ques­tion ici d’une expéri­ence per­son­nelle et sub­jec­tive. Le texte par­le du ver­tige de se décou­vrir autiste à plus de quar­ante ans, du chemin com­pliqué, intérieur et extérieur, qui mène au diag­nos­tic et à l’acceptation de soi, du soulage­ment de décou­vrir enfin son pro­pre mode d’emploi.

“Je crois que tu es peut-être sur le spec­tre de l’autisme.” Une petite phrase sim­ple, mais qui a aidé à déclencher une réflex­ion sur le sujet pour Mélanie Fazi. A 40 ans, se décou­vrir poten­tielle­ment sur le spec­tre de l’autisme et entamer un diag­nos­tic est loin d’être sim­ple.

L’an­née sus­pendue est divisé en qua­tre grandes par­ties : L’autre spec­tre, La ques­tion, Le chemin, Après la quête.

Les deux pre­mières par­ties nous par­lent surtout du démar­rage du ques­tion­nement de l’autrice, de la décou­verte du spec­tre autis­tique, plus com­plexe qu’il n’y paraît au pre­mier abord, puis la relec­ture de sa vie au prisme de l’autisme : analyser son passé, ses réac­tions, son rap­port aux autres, se recon­naître dans des témoignages. Il est impor­tant que savoir que l’autisme chez la femme ne se présente pas tou­jours de la même manière que chez les hommes, et qu’il est très sou­vent sous-diag­nos­tiqué.

Relire avec Mélanie Fazi sa vie n’a pas été une expéri­ence sim­ple pour moi : une cer­taine souf­france mêlée de soulage­ment ressort de cette par­tie du texte. Il est cer­taine­ment douloureux de pren­dre con­science que cer­taines sit­u­a­tions que l’on vit, cer­taines dif­fi­cultés, sont en réal­ité prob­a­ble­ment liées à un hand­i­cap comme l’autisme.

Nous voici en route avec notre autrice sur le chemin du diag­nos­tic : pren­dre con­tact avec des pro­fes­sion­nels de san­té spé­cial­isés sur le sujet, crain­dre de ne pas être crue, parce qu’après tout, on peut se recon­naître dans des traits autis­tiques sans l’être, et puis une forme de soulage­ment au fur et à mesure qu’elle avance sur ce chemin. Le diag­nos­tic est com­posé d’un pre­mier ren­dez-vous avec un psy­chi­a­tre, puis de bilans psy­chomo­teurs et sen­soriels, et enfin de quelques jours d’en­tre­tien avec un psy­cho­logue. En France, le chemin n’est pas sim­ple : dans le pub­lic, les délais sont très longs ; dans le privé, les coûts exor­bi­tants.

La dernière par­tie, comme son nom l’indique, nous livre une réflex­ion sur l’après-diag­nos­tic, et le soulage­ment de com­pren­dre ce qui se passe dans la tête et dans le corps. Com­pren­dre que le monde actuel n’est pas fait pour les per­son­nes dans le spec­tre autis­tique, et que y vivre néces­site une énergie sup­plé­men­taire que n’ont pas à dépenser des neu­rotyp­iques.

L’an­née sus­pendue est un essai qui s’est révélé très intéres­sant à lire et un peu douloureux pour moi de part mon expéri­ence per­son­nelle : ce n’est pas sim­ple de se recon­naître dans cer­taines sit­u­a­tions, mais surtout de de lire la souf­france que peut provo­quer le fait de ne pas savoir. D’autre part, il est aus­si utile de décou­vrir com­ment le diag­nos­tic se passe, et surtout, que des femmes autistes témoignent de leur par­cours.

Sans par­ler des autistes non-ver­baux, les femmes autistes sont rarement diag­nos­tiquées enfant, ça occa­sionne des souf­frances qui pour­raient être évitées et peut-être per­me­t­tre aux per­son­nes dans le spec­tre de met­tre des straté­gies en place qui peu­vent aider. Un diag­nos­tic n’est pas une démarche facile à réalis­er, mais le béné­fice peut en val­oir la peine. Mélanie Fazi l’ex­prime très bien ici.

L’an­née sus­pendue reprend égale­ment deux textes pub­liés sur son blog, Le ver­tige du répli­cant et Sur le spec­tre.

Quelques ressources sur l’autisme : 

shaya

10 réflexions sur « L’année suspendue de Mélanie Fazi »

  1. Hyper intéres­sant comme réc­it de vie et comme dis­cours, Mélanie Fazi a vrai­ment l’art de dire les choses et je com­prends que la lec­ture puisse être dif­fi­cile par­fois quand le sujet nous con­cerne. Il faut d’ailleurs que je me penche sur son réc­it sur l’a­sex­u­al­ité de mon côté.

  2. J’ai hâte de le lire!!
    Je ne t’ap­prends prob­a­ble­ment rien, car je sais que tu con­nais ce blog, mais Armalite de le Rose et le noir par­le de sa démarche de diag­nos­tic en ce moment. Le pre­mier bil­let était génial. J’ai vu qu’elle en a pub­lié un deux­ième, mais je ne l’ai pas encore lu.

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