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Chroniques express #3

  • Calame, tome 1 : Les deux visages, Paul Béorn :

Calame tome 1 : Les deux visages de Paul BeornAprès un an de guerre civile, la rébel­lion con­tre le “Roi Lumière”, le tyran de West­al­ie, est écrasée dans le sang. Son chef légendaire, Dar­ran Dahl, est tué, ses par­ti­sans dis­per­sés ou jetés au cachot. Par­mi eux, la jeune Mau­ra, sa lieu­tenante. Le célèbre légendi­er D’Arterac lui pro­pose un marché : son exé­cu­tion sera sus­pendue le temps qu’elle lui racon­te la véri­ta­ble his­toire du chef rebelle, ce mys­térieux guer­ri­er aux orig­ines obscures, que l’on pré­tendait inde­struc­tible. Mais prof­i­tant de ce sur­sis, Mau­ra pré­pare peu à peu son éva­sion pour repren­dre la lutte…

Ce roman ne fai­sait pas par­tie de mes “prévi­sions de lec­ture” (parce que oui, j’en fais, même si je ne vous les partage pas), mais comme l’oc­ca­sion fait le lar­ron, me voici embar­quée dans une his­toire de fan­ta­sy qui rap­pelle étrange­ment d’autres romans au démar­rage. Nous ne sommes pas là pour suiv­re la rébel­lion con­tre le fameux “Roi lumière” ou suiv­re l’é­va­sion de l’héroïne Mau­ra, non, mais pour l’en­ten­dre nous racon­ter une his­toire : la vie de Dar­ran Dahl, tué au com­bat, et dont le légendi­er d’Arter­ac est chargé de “dimin­uer” la légende. On retrou­vera aus­si bien vite les élé­ments clas­siques des his­toires de fan­ta­sy : un héros qui paraît san­guinaire mais au grand cœur, un‑e adolescent‑e au à l’en­fance dif­fi­cile, un vil­lage isolé, etc. Cepen­dant, Paul Beorn a choisi d’u­tilis­er un sys­tème de magie plutôt intéres­sant : dans son monde, nous avons les Got­tarans, des inspirés par les dieux et donc nobles, et les min­darans alias roturi­ers, qui peu­vent être guer­ri­ers-nés ou sor­ciers-nés, ces derniers étant automa­tique­ment sus­pec­tés d’être des dei­monarans et inspirés par les dieux. L’écri­t­ure est agréable­ment flu­ide, et on se laisse facile­ment hap­per dans l’his­toire, et pour ma part, je lirais avec plaisir la deux­ième par­tie de ce dyp­tique.

  • Rouge Tagada, Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini

Rouge TagadaElle était dans ma classe. Qua­trième D. D comme déconne, délire, débile, déver­gondé, début, douleur, douceur aus­si. Il y avait tout ça, chez nous. Des pim­bêch­es qui riaient trop fort, des timides, des bébés sages, des filles toutes fières de se com­porter en femmes et des garçons qui ne savaient plus com­ment fonc­tion­naient leurs mains ni leurs pieds. Il y avait aus­si les Jade et les Ben­jamin, les bons copains tou­jours là en cas de coup de blues à la récré, tou­jours prêts à refaire le monde et jouer aux can­cres au lieu d’aller en perm. Mais il n’y avait qu’une Lay­la.

J’ai pas mal enten­du par­ler de cette bande-dess­inée sur l’ho­mo­sex­u­al­ité, et j’avoue que le fait qu’elle soit en plus scé­nar­isée par une auteure que je con­nais en imag­i­naire m’a beau­coup intriguée. Et cette BD fonc­tionne très bien : Alex, col­légi­en­ne, nous racon­te sa ren­con­tre et son ami­tié nais­sance avec Lay­la, nou­velle élève, dont elle tombe amoureuse, le tout sous forme de jour­nal intime. Les dessins sont agréables à regarder, et on suit le béguin d’Alex sur son amie. Traiter de l’ho­mo­sex­u­al­ité n’est pas tou­jours sim­ple, et c’est un pari réus­si. Cepen­dant, cet album s’adresse à un pub­lic jeune (12–13 ans) et a par­faite­ment sa place dans des CDI par exem­ple.

 

  • Issa Elohim, Laurent Kloetzer

 Europe. Demain. Dérè­gle­ments cli­ma­tiques, ter­ror­isme et guer­res con­fes­sion­nelles sec­ouent les restes d’un ordre mon­di­al en miettes et jet­tent des mil­lions de réfugiés sur les routes. L’hori­zon est fluc­tu­ant ; le monde se recro­queville face à un futur incer­tain et menaçant. Et puis il y a les Elo­him — ou pré­ten­dus tels. Des êtres excep­tion­nels, mys­térieux, por­teurs d’un espoir nou­veau, et qui sem­blent s’in­car­n­er sur Terre de manière aléa­toire.

Je me méfie un peu tou­jours des nou­veaux textes de Lau­rent Kloet­zer, n’ayant mal­heureuse­ment pas accroché à Cleer, mais un Une Heure-Lumière ne se refuse pas, d’au­tant plus que les chroniques pour celui-ci sont plutôt élo­gieuses. Nous suiv­ons ici Valen­tine Ziegler, jour­nal­iste suisse, qui s’in­téresse à Issa, qui pré­tend être un Elo­him, récem­ment apparu dans un camp de migrants en Tunisie. Les Elo­him sont des êtres mys­térieux con­sid­érés comme des dieux à l’ap­parence humaine, qui appa­rais­sent aléa­toire­ment sur Terre et ne se sou­vi­en­nent pas de leurs orig­ines, avant de dis­paraître comme ils sont arrivés. Le texte se déroule apparem­ment dans le même univers que celui de Anam­nèse de Lady Star et Vos­tok, que je n’ai pas lu. Pour le coup, cette novel­la est très éloignée de ce qu’on retrou­ve habituelle­ment en SF, et on est plus sur un texte human­iste : on ne con­naî­tra pas la vérité sur ces Elo­him, mais c’est l’oc­ca­sion d’en appren­dre beau­coup sur les migrants, leurs dif­fi­cultés et leurs con­di­tions de vie dif­fi­ciles. Le texte nous inter­roge sur les croy­ances de cha­cun, puisqu’au final, ce sera à cha­cun de décider en quoi il veut croire. Une très jolie novel­la à décou­vrir et qui plaira égale­ment aux non fans de SF.

  • Le pensionnat de Mlle Géraldine, tomes 2 à 4, Gail Carriger

C’est une chose que d’apprendre à faire une révérence comme il faut. C’en est une autre que d’ap­pren­dre à la faire en lançant un couteau. Angleterre, début du XIXe siè­cle. Sophro­nia, 14 ans, est un défi per­ma­nent pour sa pau­vre mère : elle préfère démon­ter les hor­loges et grimper aux arbres qu’apprendre les bonnes manières ! Mme Tem­min­nick dés­espère que sa fille devi­enne jamais une par­faite lady, aus­si inscrit-elle Sophro­nia au Pen­sion­nat de Mlle Géral­dine pour le per­fec­tion­nement des jeunes dames de qual­ité. Mais Sophro­nia com­prend très vite que cette école n’est peut-être pas exacte­ment ce que sa mère avait en tête. Certes, les jeunes filles y appren­nent l’art de la danse, celui de se vêtir et l’étiquette ; mais elles appren­nent aus­si à don­ner la mort, l’art de la diver­sion, et l’espionnage – le tout de la manière la plus civil­isée pos­si­ble, bien sûr.

J’avais lu il y a longtemps main­tenant le pre­mier tome de cette série jeunesse de Gail Car­riger où on suit Sophro­nia, future espi­onne et légère­ment garçon man­qué. Cette nou­velle série est très dif­férente du Pro­tec­torat de l’Om­brelle, à com­mencer par son per­son­nage prin­ci­pal. Sophro­nia est plus jeune mais aus­si moins arro­gante et m’est étrange­ment plus sym­pa­thique d’Alex­ia Tarabot­ti. On y retrou­ve bien évidem­ment quelques his­toires de cœur par ci par là, mais celles-ci n’en­vahissent pas com­plète­ment le réc­it, et les aven­tures de la jeune fille sont intéres­santes à suiv­re. A not­er qu’on crois­era quelques per­son­nages con­nus des lecteurs, l’his­toire se déroulant avant Le Pro­tec­torat de l’Om­brelle. On y retrou­vera cepen­dant moins ce ton acéré et toutes ces sur­pris­es, mais ça reste une série agréable. (Pour ceux et celles qui voudraient retrou­ver ma chronique du Pro­tec­torat, c’est par ici !)

  • Le sultan des nuages, Geoffrey A. Landis

Le sultan des nuagesL’humanité a colonisé le sys­tème solaire au béné­fice de con­sor­tiums privés omnipo­tents rég­nant sur les trans­ports spa­ti­aux. Et ce jusqu’à la plus infer­nale des planètes, Vénus, dans l’atmosphère létale de laque­lle flot­tent de stupé­fi­antes cités volantes, véri­ta­bles mir­a­cles de tech­nolo­gie high tech. Plusieurs mil­liers d’entre elles sont sous la coupe d’un seul et même indi­vidu, Car­los Fer­nan­do Delacroix Orte­ga de la Jol­la y Nord­wald-Gru­en­baum, le sul­tan des nuages, qui n’entrera en pleine pos­ses­sion de son héritage qu’une fois mar­ié, et dont l’immense pou­voir attire toutes les con­voitis­es. Pour David Tin­ker­man et le Dr Léa Hamakawa, sci­en­tifiques récem­ment arrivés de Mars en vue d’une exper­tise, les forces souter­raines à l’œuvre autour du jeune satrape vont vite s’avérer plus mortelles que Vénus elle-même…

Bien­v­enue sur les cités volantes de Vénus, en espérant que vous n’ayez pas le ver­tige ! J’ai adoré cette novel­la pas­sion­nante où on imag­ine une toute nou­velle façon de colonis­er Vénus (même avec mon ver­tige je ne dis pas non à une cité volante), mais surtout une société bien par­ti­c­ulière… En effet, sur Vénus, il n’y a pas de famille, mais des tress­es. Autrement dit, un con­joint se lie à un con­joint plus jeune et lui sert de men­tor, et le con­joint le plus jeune fera de même plus tard, et ain­si de suite. Drôle de con­cep­tion de l’amour, n’est-ce pas ? On pour­rait aus­si qual­i­fi­er ce texte de hard-sf, étant don­né les expli­ca­tions sur les cités nuages, mais celles-ci sont acces­si­bles et ne sont pas le sujet prin­ci­pal de la novel­la à mon sens. On peut aus­si par­ler d’une petite enquête : on décou­vri­ra bien vite que ces cités à pre­mière vue idylliques sont surtout la pos­ses­sion d’un seul et unique “homme”, Car­los Fer­nan­do Delacroix Orte­ga de la Jol­la y Nord­wald-Gru­en­baum, 12 ans. Un seul regret pour ma part sur ce texte ? C’est trop court, et je suis mor­due de l’en­vie de pass­er d’autres moments dans ces cités.

shaya

12 réflexions sur « Chroniques express #3 »

  1. Moi aus­si j’au­rais bien pour­suivi la vis­ite de Vénus…
    J’ai jamais pour­suivi le Pen­sion­nat de Mme Géral­dine, j’avais trou­vé un peu moins piquant que Le pro­tec­torat de l’om­brelle (mais pour des ados ça doit être sym­pa par con­tre).

  2. J’ai un ressen­ti de lec­ture plus mit­igé que toi con­cer­nant Le pen­sion­nat de Mlle Géral­dine alors pour le coup, je me suis arrêtée après le deux­ième tome. Il faudrait que je con­tin­ue la série, au moins pour savoir si l’archive ou si je décou­vre les deux derniers vol­umes.

    1. C’est claire­ment en dessous du Pro­tec­torat, mais c’est bien passé pour moi en tout cas, tu me diras ce que tu en pens­es si tu con­tin­ues !

  3. J’avoue que moi aus­si je n’avais pas été très ent­hou­si­as­mée par la série du pen­sion­nat de Melle Géral­dine que j’avais trou­vé beau­coup moins piquant que les aven­tures d’Alex­ia.
    Par con­tre je suis très intriguée par la BD Rouge Taga­da à l’oc­ca­sion j’es­say­erai de la lire.

    1. Je crois que je vais finir par être la seule à avoir appré­cié le pen­sion­nat de Mlle Géral­dine XD Bonne décou­verte alors pour Rouge Taga­da !

  4. Elles sont chou­ettes ces chroniques express, bra­vo !
    “Issa Elo­him” et “Le sul­tan des nuages” sont décidé­ment les deux favoris de ma wish-list 😉

    1. Mer­ci beau­coup ! Ce n’est pas tou­jours facile de se pos­er pour écrire une chronique com­plète, donc bon ! J’e­spère qu’Is­sa Elo­him et Le sul­tan des nuages vont te plaire alors !

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